La bibliothèque numérique Manioc, spécialisée sur la Caraïbe, l’Amazonie, le Plateau des Guyanes vient de publier une exceptionnelle base de données recensant plus de 3.200 actes notariés du XVIIIe siècle et 14.700 personnes au statut d’esclave indexés.
Manioc est un projet universitaire collaboratif, ouvert à tous les établissements qui souhaitent le rejoindre. Associant une dizaine d’établissements, la bibliothèque numérique est pilotée par l’Université des Antilles (Service commun de la documentation) et co-pilotée par l’Université de Guyane. La Bibliothèque nationale de France finance une part importante de la numérisation des livres anciens. Les données de Manioc sont interrogées par Gallica.
Cette toute nouvelle base de données est le résultat, d’un projet débuté il y a plus de 20 ans, quand M. de Reynal a découvert un fonds notarial, le fonds Mathieu, lors de recherches personnelles sur sa famille et sur les familles créoles de la Martinique. Le fonds contenant des actes notariés du XVIIIe siècle avait été transmis, génération après génération, par les notaires responsables de l’étude jusqu’à parvenir dans les années 1970 au notaire Mathieu.
Conscient de la richesse d’informations contenues dans les actes, M. de Reynal a alors entrepris de les collecter rigoureusement sous la forme de bases de données. En 2017, il s’associe à Manioc afin de restructurer les données et de les rendre librement consultables pour tout à chacun sur une interface Web.
La base de données se compose de deux volets : « Esclaves » et « Actes notariés ». Le volet « actes notariés » recense 3.200 actes indiquant leur libellé, la date, le lieu, le type d’acte et le notaire qui les a enregistrés. Il s’agit pour l’essentiel de ventes, de contrats de mariage, de testaments, de donations... ayant eu lieu dans le sud de la Martinique dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Mais l’on trouve d’autres actes, dont des affranchissements.
Le volet « esclaves » recense 14.700 esclaves apparaissant dans ces actes. C’est le cœur de la base : la fiche de chaque esclave renseigne sur le nom de la personne, mais aussi toutes les informations connues à son sujet : sexe, âge, catégorisation ethnoraciale, activités ou qualifications, la valeur qu’on lui a assignée… et aussi ses relations familiales.
La base permet des croisements de recherche : il est possible de circuler entre la fiche d’un acte et la fiche d’un esclave, de passer de la fiche d’un esclave à celle d’un autre esclave quand ceux-ci ont des lieux familiaux connus. Une base exceptionnelle pour tout chercheur généalogiste en quête d’information sur l’esclavage et la société martiniquaise du XVIIIe siècle.