Antoine, le père fondateur
Du peintre en lettres à l’apprenti photographe
Le 24 octobre 1861, un petit peintre en lettres établi à Paris épouse une blanchisseuse. Quelques semaines plus tard, Antoine Lumière et Joséphine Costille s’installent à Dôle (Jura) où le petit peintre a trouvé une place d’apprenti photographe. Puis à Besançon (Doubs), les affaires de l’atelier sont bien peu prospères. Afin d’apporter d’autres revenus à sa famille, Antoine prend des cours de peinture puis assure des leçons de dessin à l’Ecole d’art industriel. Le soir il fait entendre sa superbe voix de baryton dans diverses sociétés musicales. C’est à cette période qu’il découvre les doctrines maçonniques et Saint-Simoniennes qui le guideront toute sa vie. Ses activités l’amènent à voyager en Suisse et dans le Jura français. Trois enfants naissent : Auguste (1862), Louis (1864) et Jeanne (1870). La guerre de 1870 le chasse de sa Franche-Comté natale. La famille Lumière quitte alors Besançon pour Lyon. L’avenir du photographe semble bien incertain.
Les portraits cartes de visite
La famille Lumière arrive à Lyon dans l’hiver 1871. Antoine s’associe quelques mois avec le photographe Lebeau, puis il crée sa propre affaire 15, rue de la Barre. Les débuts sont difficiles mais ses talents d’artiste, son tempérament chaleureux, son opiniâtreté au travail lui confèrent une certaine renommée. Lumière a bien compris qu’à Lyon il ne fait jamais bon être célèbre, mieux vaut être honorable. Son entreprise connaît alors une réelle réussite. Il se consacre à la photographie connue sous le dénominatif « carte de visite ». Démocratisée vers 1855, par le parisien Disdéri
, cette technique permet à la photographie de devenir une simple marchandise. À l’aide d’un appareil à plusieurs objectifs, elle permet d’obtenir sur une seule plaque de verre, de six et huit clichés d’un ou plusieurs modèles. L’ultime phase de l’opération consiste a découper puis coller sur un support cartonné les tirages. L’opérateur réalise ainsi des photographies sur bristol d’un format de 10,5 x 6,5 cm. Le coût de production est d’autant plus faible et permet à la nouvelle bourgeoisie issue du Second Empire d’accéder à un produit de luxe. Les informations imprimées au dos de ces photos nous indiquent : adresse, récompenses honorifiques, matériels utilisés, successeurs. Une mode se crée : la constitution de nos albums de famille.